
La Pré-sélection 2022

Briser le plafond de glace
Marion Poitevin
Paulsen
Que faire quand on est une femme dotée de capacités physiques exceptionnelles et d’une volonté bien charpentée ? Grimper, toujours plus haut, toujours plus fort ! Que faire quand cette passion conduit dans un monde presque exclusivement masculin, celui des guides, des gendarmes, du secours en montagne, du groupe d’élite d’alpinisme de l’armée, et qu’on si heurte inlassablement au même plafond de verre ? Recommencer, encore et toujours, et donner une voix à sa colère. C’est ce que fait Marion Poitevin en prenant la plume pour la première fois dans cette autobiographie saisissante.
Gens de boxe
Pierre Ballester
Hugo Sport
Dès qu’on entend boxe, on pense boxeurs, combats, K.-O.
Ce n’est pas l’objet de ce livre.
Pas plus qu’il ne revient sur les coups qui cognent, les coups tordus, les coups de Jarnac. Encore que.
Non, cet ouvrage a pour prétention de raconter la boxe autrement. Non par ses champions clinquants mais par ces gens obscurs qui tournent autour. Des satellites qui composent un univers autour d’un astre qu’on appelle ring.
Oui, cette planète boxe regorge d’histoires, de sagas. Une planète au phénomène d’attraction, de répulsion. Mauvaise réputation, mauvaises fréquentations. Sa croûte terrestre est piquée de reliefs, d’aspérités. Mais qui sont donc ses habitants ?
Nous sommes allés à la recherche de ces hommes et femmes – il en existe quelques-unes – qui la peuplent.
Arbitre, speaker, petit promoteur, médecin, chauffeur de salle, photographe, entraîneur, soigneur… À travers douze portraits fouillés de personnages aux parcours pluriels et cabossés, aux vécus insoupçonnables, qui ont bien voulu se livrer sans retenue à l’exercice, c’est un regard panoramique qui est posé sur ce monde hétéroclite, autodidacte le plus souvent, interlope parfois.
Nul besoin de connaître la boxe pour susciter la curiosité du lecteur. Elle est ici toile de fond pour portraits crachés. Ce recueil confortera la bien-pensance : on n’y trouve pas que des saints. Il cassera quelques préjugés : on n’y trouve pas que des sots.


Le Brassard
Luc Briand
Plein jour
Le football des années 1920 a un nom : celui d’Alexandre Villaplane, un gamin des quartiers populaires d’Alger que l’« amateurisme marron », le faux amateurisme, a happé et conduit vers la gloire en métropole. Shooteur de classe, inventeur de gestes techniques audacieux, le jeune joueur régale le public français, qui se masse bientôt dans les stades pour le voir évoluer avec les plus grands clubs du moment, puis dans l’équipe de France dont, en 1930, il devient capitaine lors de la première Coupe du monde de l’histoire.
Après cette consécration vient la dérive d’un homme seul et avide d’argent vers les bas-fonds et les trafics minables. Puis la chute et l’ignominie lorsque, pendant l’Occupation, il rejoint la Gestapo française de la rue Lauriston. Devenu allemand, il achève son parcours comme officier nazi, traître et tortionnaire de ses anciens compatriotes. Il sera exécuté à la Libération.
Alexandre Villaplane est la légende noire du football français.
Le nageur d’Auschwitz
Renaud Leblond
Archipel
L’histoire vraie de l’homme qui nagea en enfer
Jamais Alfred Nakache, enfant juif de Constantine, n’aurait imaginé défendre un jour les couleursde la France aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Ni décrocher le record du monde du 200 mètres brasse papillon en 1941, sous le régime du Marécahl Pétain. À force de volonté, armé d’un invincible sourire, il s’est hissé au sommet des podiums. Mais, lors des championnats de 1943, le voilà interdit de bassin. En décembre de la même année, « le poisson », comme on le surnomme, est arrêté puis déporté à Auschwitz. Il y bravera ses gardiens en allant nager, au péril de sa vie, dans des réserves d’eau à l’autre bout du camp. Sans savoir s’il reverra un jour sa femme et sa fille, dont il a été séparé, sur le quai, à l’arrivée du convoi 66.
Ce héros oublié revit dans ce roman vrai mettant en scène un gamin qui avait peur de l’eau et aura pratiqué son sport jusqu’en enfer.


Nature Aquatique
Guillaume Néry
ARTHAUD
« Je suis entièrement sous l’eau. La pointe de mes cheveux effleure la surface toute proche. Je les sens danser librement. Les bras se déploient avec légèreté, les mains se délient, dialoguent avec le fluide. Les pieds qui reposent à peine sur le fond ajustent leurs appuis. L’équilibre est rétabli. Le corps que la gravité a cloué sur terre retrouve ses réflexes aquatiques. Je reste ainsi quelques secondes dans une immobilité relative en forme de recueillement. La mer m’a tant manqué. »Quand l’éloignement renforce l’attachement, que le risque met en lumière la nécessité, Guillaume Néry retient son souffle pour se sentir en vie, s’immerge pour prendre un nouvel élan, s’abandonne corporellement et laisse les pensées dériver avec le courant. En remontant à la surface, il retourne à une vie terrestre apaisée.Après son accident de plongée qui a failli lui coûter la vie, Guillaume Néry a rapporté des profondeurs des enseignements qui initient son cheminement. Du sport à la contemplation, il a fait de la mer un espace intime et un lieu de création. Sa quête va désormais bien au-delà des records. L’océan est son paradis mais aussi le coeur de son engagement pour la préservation de la nature.
Les culs-reptiles
Mahamat-Saleh Haroun
Gallimard
« Même les culs-reptiles étaient de la partie, ces oisifs qui ne voulaient rien foutre au pays, des fainéants qui passaient la journée à même le sol, sur des nattes, à jouer aux dames ou au rami. Immobiles tels des montagnes, ils ruminaient la noix de cola, sirotant à longueur de journée des litres de thé accompagnés de pain sec. Ils ne bougeaient leurs fesses qu’en fonction de la rotation du soleil, disputant l’ombre aux chiens et aux margouillats. »Or, Bourma Kabo, las de faire partie de cette communauté nationale de la glandouille, accepte de relever un inimaginable défi : représenter son pays de sables – les autorités plus que corrompues le lui imposent – aux jeux Olympiques de Sydney, en 2000. Épreuve de natation, cent mètres.Alors qu’il sait à peine flotter dans un fleuve boueux, il plonge corps et âme dans l’aventure. C’est ainsi que d’Afrique en Australie commence l’extraordinaire odyssée d’un Ulysse candide des temps modernes, avec aussi les magiciennes Circé des médias, et sa tant convoitée Ziréga, nouvelle Pénélope.Ce roman est un sérieux divertissement. Il nous raconte que « le propre de l’homme est de ne pas servir le mensonge », en une impitoyable et malicieuse radiographie d’un pays sahélien et de tout un continent aux peuples bannis de culs-reptiles sous les mirages de l’Occident.


L’intendresse
Valentin DEUDON
Éditions du Volcan
Il est des voyages qui décident à votre place, qui ne vous laissent guère le choix. Alors, il faut simplement partir. Un printemps, Valentin Deudon a enfourché son vieux velo orange, lesté de deux sacoches noires remplies d’affaires sales, de chambres à air de rechange et de livres de poésie. Il a longé la mer ou le fleuve, seul, sans but précis, en itinérance, visitant autant d’hôtes chaleureux que de démons inhospitaliers, tentant de diluer la nostalgie d’un amour perdu tout en observant les innombrables beautés autour. Des semaines roulantes, pesantes, pensantes, propices à l’écriture. Intendresse est le récit intime de ce moment de vie une parenthèse relatée à meme la route, à travers des poèmes, des fragments, des pensées, des textes courts d’où émergent toujours une poésie, cette poésie qui elle aussi se déplace voyageant nuit et jour entre nos gouffres intérieurs et un extérieur plus éphémère que jamais.
Le syndrome de la brasse coulée
Julia MATTERA
flammarion
Ancien champion de natation, Oscar pensait agir pour le bonheur des siens. Toute son énergie était tournée vers sa réussite afin de les mettre à l’abri du besoin. Mais lorsque sa femme le quitte, lasse de ses absences, il se laisse sombrer, s’éloignant de son fils, de sa famille et de ses racines.C’était compter sans la détermination de sa mère, qui décide d’élaborer un stratagème pour le faire revenir dans sa région natale et, surtout, le sortir de sa coquille et de son train-train quotidien.Qui aurait pu prévoir qu’en devenant professeur d’aquagym dans une maison de retraite Oscar apprendrait à être heureux ?


Peloton maison
PAUL FOURNEL
SEUIL
Le peloton est la maison mobile des coureurs. Une maison colorée et féline qui s’étire, qui se rassemble, qui se faufile, qui dessine la route et la course. Il y a autant de façon d’habiter cette maison que de coureurs. Certains s’y reposent, d’autres s’y cachent, certains y font le ménage, d’autres vont mettre le nez à la fenêtre. Les plus hardis et les plus éprouvés s’en échappent. Mais tous, toujours, s’y rassemblent chaque petit matin.
Le coeur arrière
Arnaud Dudek
Les AVRILS
Ça l’a surpris tout gosse, ce virage du hasard ; rien ne le prédestinait à devenir champion. Repéré à douze ans pour son talent au triple saut, Victor quitte sa petite ville, son père ouvrier, leur duo-bulle. L’aventure commence : entraînements extrêmes, premières médailles, demain devenir pro, pourquoi pas les JO ? Victor court, saute, vole. Une année après l’autre, un sacrifice après l’autre. Car dans cette arène, s’élever vers l’idéal peut aussi prendre au piège.
